Chroniques

L'origine du vendredi 13

L'origine du vendredi 13
Deux vendredis 13 dans l’année 2013 ! Un en septembre, qui s’approche, et un en décembre prochain. Les superstitieux y voient un surcroît de chance ou de catastrophes. Le Loto en profite pour lancer ses super cagnottes à grand renfort de publicité. Les plus craintifs essaient ce jour-là de se lever tard, de se coucher tôt, de ne passer sous aucune échelle et de ne croiser aucun chat noir… Quelle est donc l’origine du côté "magique et inquiétant" des vendredis 13 ? D’où vient cette croyance qui remonte au Moyen Âge ?

Le vendredi : jour de la mort du Christ
Commençons par le vendredi : il est depuis 2000 ans le jour de la mort du Christ. Pendant des siècles, ce jour de deuil s’est traduit par un jour de jeûne (le fameux jour du poisson : ni viande ni beurre ni gâteaux le vendredi). Comme il s’agissait d’un jour néfaste par excellence dans la croyance populaire, on évitait autrefois dans de nombreuses régions d’entreprendre de nouveaux travaux ou de commencer la construction d’une maison un vendredi. Pas question non plus de se marier ce jour-là, puisqu’il était impossible de festoyer un jour de jeûne.

Le Vendredi saint
Pour le Vendredi saint, anniversaire annuel de la crucifixion, les superstitions populaires étaient encore plus importantes. On disait notamment qu’il ne fallait pas faire ce jour-là la moindre lessive, car cela reviendrait à préparer l’enterrement d’un proche. Plusieurs dictons traditionnels en attestent : Laver le linge le Vendredi saint, c’est laver son suaire ; Qui coule la lessive le Vendredi saint veut la mort de son mari ; Le Vendredi saint, la femme qui lave est maudite, celle qui cuit est bénie....

Le bon côté du vendredi
Mais puisque la crucifixion annonce la résurrection du Christ, certaines traditions voient le bon côté du vendredi. On assurait ainsi autrefois qu’un œuf pondu le Vendredi saint ne pourrirait jamais, quel que soit sa durée de conservation. Autre exemple : à Santranges, dans le Cher, le vendredi précédant la Semaine sainte, les fermiers faisaient entrer tous leurs moutons dans l’église et lisaient l’Évangile. Puis ils les tondaient et tous les villageois se partageaient leur laine, car leurs toisons passaient pour porter chance. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’aux années 1950.

Les croyances autour des chiffres
Dans les populations d’autrefois, qui ne maîtrisaient ni la lecture ni le calcul, on prêtait aux chiffres des sens symboliques et magiques. Les nombres étaient considérés la source de l’univers visible invisible et la clé d’entrée vers la connaissance du monde. Des techniques divinatoires comme l’arithmancie ou numérologie se sont construites à partir de ces principes remontant à l’Antiquité. On distinguait les chiffres sacrés (3, 7, 9, 12) des chiffres profanes (2, 5, 6, 10, 11), mais chacun avait par ailleurs une signification magique.

A chaque chiffre son mystère
Le 1 symbolisait l’unicité,
le 2 la dualité ou duplicité,
le 3 la Trinité,
le 4 les éléments naturels (points cardinaux, saisons, phases de la lune),
le 5 la main,
le 6 le mal et l’apocalypse,
le 7 la perfection (jours de la semaine, merveilles du monde, vertus chrétiennes, péchés capitaux),
le 8 le plus-que-parfait,
le 9 la perfection de la perfection,
le 10 les plaies d’Égypte,
le 12 l’achèvement (apôtres, travaux d’Hercule, tribus d’Israël, signes du zodiaque).

Croyances positives autour du 13.....

Et le 13 alors ? Ce chiffre renvoie à la Cène, le dernier repas du Christ entouré de ses 12 apôtres (donc 13 convives). Comme pour le vendredi, on peut en voir le bon ou le mauvais côté. Le bon, c’est l’annonce de la Passion, de la résurrection, de l’eucharistie et la promesse de la vie éternelle. Pour certains, le 13 semble donc un chiffre fabuleusement bénéfique. C’est aussi du 13 mai au 13 octobre 1917 que la Vierge Marie serait apparue à trois enfants de Fatima au Portugal. Et Jean-Paul II, qu’on tenta de tuer le 13 mai 1981, attribua sa survie à l’intervention de ND de Fatima.

Croyances négatives autour du 13
Mais d’autres ne retiennent que la présence du traître Judas parmi les 13 personnes attablées. Aujourd’hui encore, on évite toujours d’être 13 à table, on dit que ça porte malheur. Autres difficultés autour de ce chiffre : la 13ème lettre de l’alphabet hébreu est le première du mot qui signifie "mort" et la 13ème arcane du Tarot montre un squelette armé d’une faux, représentation classique de la mort depuis des siècles. Enfin, parce qu’il suit le chiffre 12 qui est le chiffre de l’accomplissement et de l’équilibre par excellence, le 13 symbolise plutôt le déséquilibre et la fin.

Une malédiction liée à un vendredi 13
Un exemple bien néfaste est celui du vendredi 13 octobre 1307. Les Templiers, dont le roi Philippe le Bel veut saisir l’or, sont arrêtés ce jour-là. Ils sont condamnés à être brûlés vifs comme hérétiques. Sur le bûcher, le grand maître de l’ordre aurait maudit le roi jusqu’à la 13e génération et l’aurait condamné "à comparaître au tribunal de Dieu dans l’année". Philippe le Bel meurt effectivement six mois plus tard. Et la 13e génération est celle… de Louis XVI, qui finit fort mal, guillotiné sur l’échafaud comme chacun sait.

Des peurs partagées

Des peurs partagées
Ces craintes autour du vendredi ou du chiffre 13 sont tellement partagées que les psychologues ont fini par leur donner des noms : la peur du chiffre 13 s’appelle la triskaidékaphobie, celle du vendredi treize la paraskevidékatriaphobie. Aux États-Unis, où ces superstitions sont très répandues, beaucoup d’hôtels n’ont pas de chambre numérotées 13, certains immeubles n’ont pas de 13e étage (le 13e s’appelle 14e), les avions n’ont pas de rangée n°13 et on ne programme aucune réunion les vendredis 13. Pas question non plus d’inviter qui que ce soit ce jour-là !

A bas le vendredi 13 !
En revanche, si l’on est craintif et superstitieux, cumuler un vendredi et le chiffre 13, c’est la catastrophe. Autant retourner se coucher tout de suite. On ne sortira pas de chez soi, on ne commencera aucun travail nouveau (ça tombe bien : on est rarement embauché un vendredi !), on ne fera surtout pas de lessive et on laissera encore moins son conjoint la faire (tant pis pour les chaussettes sales, elles attendront). Bref : l’attentisme sera le seul mode de défense.

Et vous ? Que faites-vous le vendredi 13 ?

Vendredi 13 : malheur ou bonheur ?

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